La direction de Michelin s’excuse après la découverte d’une caméra espion dans une salle de pause

Selon Ouest France, un scandale a éclaté lundi 10 juillet sur le site de la Combaude, à Clermont-Ferrand, où la direction de Michelin a installé une caméra espion dans une salle de pause sans en informer les salariés. Ceux-ci ont découvert le dispositif par hasard et ont exprimé leur indignation face à cette atteinte à leur vie privée. La direction de Michelin a présenté ses excuses et promis une enquête interne, mais les syndicats comptent saisir la justice et les autorités compétentes.

Tout a commencé le 7 juillet, quand des employés du site de la Combaude, qui fabrique des pneus pour les poids lourds, ont remarqué un trou suspect près d’un détecteur de fumée dans la salle de pause. En y regardant de plus près, ils ont découvert qu’il s’agissait d’une caméra dissimulée, qui filmait en permanence la pièce. Interrogée par les salariés, la direction a d’abord nié l’existence de la caméra, puis a reconnu qu’elle l’avait installée « pour éviter les malveillances contre le distributeur de friandises et de boissons », qui avait subi « des actes de vandalisme, dégradations et vols répétés » depuis plusieurs mois.

La direction a affirmé que la caméra n’avait « jamais été branchée » et qu’elle n’avait pas l’intention de l’utiliser sans en informer les salariés au préalable. Elle a expliqué que la caméra était destinée à être activée en cas de nouveaux vols, et qu’elle avait pour objectif de dissuader les auteurs de ces méfaits. Elle a également souligné que la caméra n’avait pas de vision nocturne et qu’elle ne pouvait pas être regardée à distance.

Ces explications n’ont pas convaincu les salariés, qui se sont sentis trahis et espionnés par leur employeur. Ils ont dénoncé une violation de la loi, qui impose que les salariés soient informés de la présence de caméras de surveillance sur leur lieu de travail, et que celles-ci soient visibles et signalées par un panneau. Ils ont également estimé que la caméra portait atteinte à leur dignité et à leur intimité, et qu’elle créait un climat de défiance et de suspicion.

Face à la colère des salariés, la direction de Michelin a présenté « ses excuses à l’ensemble des salariés concernés » et a reconnu qu’elle aurait dû consulter les instances représentatives du personnel avant d’installer la caméra. Elle a annoncé qu’elle allait mener une enquête interne pour faire la lumière sur cette affaire et prendre les mesures appropriées. Elle a également retiré la caméra de la salle de pause.

Mais ces excuses n’ont pas suffi à apaiser les syndicats, qui ont décidé de porter l’affaire devant la justice et les autorités compétentes. Ils ont annoncé qu’ils allaient saisir la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) et l’Inspection du travail, qui sont chargées de veiller au respect des droits des salariés et de la protection des données personnelles. Ils ont aussi demandé que le sujet soit mis à l’ordre du jour du prochain comité social et économique (CSE) du site de Michelin Clermont, qui aura lieu le 20 juillet.

Les syndicats ont également exprimé leurs doutes sur le fait que la caméra n’ait jamais été branchée, et qu’elle soit la seule à avoir été installée sur le site. Ils ont demandé à leurs collègues de vérifier s’il n’y avait pas d’autres caméras cachées dans d’autres salles de pause ou dans d’autres endroits du site. Ils ont aussi émis l’hypothèse que d’autres sites de Michelin puissent être concernés par ce type de pratique, et ont appelé les salariés à la vigilance.