En Normandie, il pose une caméra espion chez son ex-compagne qu’il harcèle

D’après Ouest France, leur histoire d’amour avait commencé à Caen, il y a dix ans. Ils étaient jeunes, insouciants, complices. Mais le temps a fait son œuvre, et le 14 juillet 2022, ils ont décidé de mettre fin à leur relation. Pour elle, c’était une décision mûrement réfléchie, une libération. Pour lui, c’était un choc, une trahison. Il n’a pas supporté de la voir partir, de la perdre. Il a tenté de la retenir par tous les moyens, même les plus vils. Il a commencé par lui faire du chantage au suicide, espérant la faire culpabiliser, la faire revenir. Mais elle a tenu bon, elle a voulu couper les ponts avec lui, définitivement, en septembre 2022. Alors il a changé de stratégie. Il a déversé sa colère, sa frustration, sa haine sur elle, par des messages incessants, remplis d’insultes, de menaces et de promesses de salir sa réputation.

Une caméra espion

Elle pensait avoir tout vu, tout entendu de lui. Mais elle s’est trompée. Début octobre 2022, elle a fait une découverte terrifiante. Dans son appartement, cachée dans un réveil scotché sous son meuble télé, il y avait une caméra espion. Il l’avait installée sans qu’elle s’en aperçoive, et il l’avait observée pendant des semaines, sans scrupule, sans respect, sans limite. Elle a été horrifiée, violée dans son intimité, sa sécurité. Elle a déposé une première plainte contre lui, espérant qu’il soit arrêté, puni. Mais il n’a pas lâché prise. Le 14 mars 2023, il l’a attendue à la sortie de son travail à Bayeux. Il voulait la forcer à lui parler, à lui donner une explication, une chance. Il l’a saisie par le bras, il lui a crié dessus, il l’a effrayée. Elle a réussi à se dégager, à s’enfuir. Elle a redéposé plainte contre lui, en urgence. Cette fois, ça a abouti à une présentation de son ex-copain âgé de 31 ans en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Caen lundi 20 mars 2023. Il comparaît libre, mais il risque gros. « Je veux être tranquille »

Il essaie de se justifier, de se faire passer pour une victime. Il dit qu’il « voulait être sûr qu’elle n’était pas sous l’influence de ses copines, qu’il était bloqué de partout sur les réseaux sociaux depuis fin août. Il dit qu’il voulait avoir une dernière conversation. Il dit qu’il n’a jamais mis à exécution ses menaces. » Mais ses paroles sont vides, creuses, mensongères. Son ex est présente, et elle témoigne. Elle dit qu’elle « ne se sentait plus en sécurité. Elle dit qu’elle veut être tranquille. Elle dit qu’il n’arrive pas à entendre que leur couple n’allait plus depuis longtemps et que ce n’est pas la faute de ses copines si elle a voulu se séparer. »

« Installer une caméra, c’est assez grave »

Pour Me Le Helloco qui représente la victime, « aujourd’hui, il tient un discours où il assure qu’il ne voulait pas lui faire de mal et où il banalise les faits. Mais quand il est entendu en garde à vue en février, quand on lui demande : que pensez-vous qu’elle ressent ? Il a répondu : je ne sais pas et je m’en fous. » Pour le ministère public, « le harcèlement moral c’est une violence psychique qui crée de la terreur et de l’angoisse. Installer une caméra c’est assez grave. » Pour la défense, « c’est une relation qui a duré neuf ans, de l’enfance à l’âge adulte, ça n’a pas été facile de se séparer. » ​ Le tribunal le condamne à dix mois de prison avec sursis probatoire. Il devra travailler, suivre des soins, payer les sommes dues au Trésor public, ne plus contacter, ni paraître au domicile ou sur le lieu de travail de son ex, qui n’a demandé aucun dommage et intérêt.