Selon le journal L’est Républicain. Le directeur du magasin Aldi de Vesoul a été jugé coupable d’avoir violé la vie privée de ses employés en les écoutant secrètement à l’aide d’un dispositif d’espionnage. Il a été condamné à une peine de prison avec sursis et à une amende par le tribunal correctionnel de Vesoul, qui a examiné cette affaire inédite.
Mickaël X, qui était également secrétaire général de l’Union départementale du syndicat CFTC jusqu’en octobre 2018, avait installé un micro-espion dans une clé USB qu’il glissait dans la poche de sa veste de service. Il pouvait ainsi écouter les conversations de ses salariés et de ses supérieurs, sans qu’ils s’en rendent compte. Il savait pourtant, en raison de ses responsabilités syndicales et de ses autres mandats, que ce type d’enregistrement était formellement interdit par la loi. Il a toutefois admis qu’il pratiquait cette écoute clandestine depuis 2013. C’est une de ses employées qui a découvert le stratagème, par hasard, en trouvant la clé USB au fond de sa poche. Le directeur s’était trompé de veste. Il a essayé de récupérer sa clé en appelant la salariée et en lui demandant de lui rendre chez elle. Mais celle-ci, intriguée par la clé, l’a branchée sur son ordinateur et a trouvé des fichiers audio portant le nom des employés du magasin. Une autre salariée a également trouvé une clé USB cachée dans le bureau du magasin, utilisé par tout le personnel.
Les deux employées ont alors porté plainte en février 2018. « Par habitude » Devant le tribunal, le directeur d’Aldi a reconnu les faits mais n’a pas su donner une justification convaincante. « C’est par habitude. Ensuite c’est devenu une maladie », a-t-il fini par dire. Son avocat, Me X, a souligné qu’il était parfaitement conscient, avec ses fonctions syndicales, que ces enregistrements ne lui servaient à rien car ils étaient illégaux. Il a même évoqué « un dédoublement de personnalité » pour expliquer le comportement de son client. Me Laurent X, avocat des deux salariées, a dénoncé le fait que le directeur abusait de son pouvoir en écoutant ses employés à leur domicile et au travail. « Le fait de savoir renforce le pouvoir mais on ne peut pas manager une entreprise de cette manière », a-t-il dit. Le procureur de la République, Gabi Bouyssou, a estimé que le prévenu se montrait peu coopératif et qu’il se heurtait à « un mur ». Il a rappelé le préjudice psychologique subi par les employés qui étaient écoutés depuis cinq ans. Le tribunal correctionnel de Vesoul a finalement condamné Mickaël X à six mois de prison avec sursis et à 1 500 € d’amende pour atteinte à la vie privée. Il devra également verser 1 000 € de dommages et intérêts à chacune des deux parties civiles. L’UD-FO, qui lui reprochait d’avoir terni l’image du syndicalisme, a obtenu 500 € de dommages et intérêts.
“Il reconnaît les enregistrements mais il n’en fait pas usage”
Me X, avocat du patron d’Aldi.